Ambassadrice In Seine-Saint-Denis, Virginie Chorro, les Puces dans la peau

A la tête du Journal et du Guide du Village des Puces, cette Audonienne d’adoption est une des meilleures connaisseuses des coulisses du plus grand marché d’antiquités du monde. Également spécialiste du textile ancien sur le marché Vernaison, elle perpétue une passion pour les objets héritée d’une enfance passée à observer son père, antiquaire. Portrait.

Comment tout savoir sur les Puces de Saint-Ouen, plus grand marché d’antiquités au monde avec ses plus de 1300 commerçants répartis sur 11 kilomètres de vitrine ? Tout simplement en se procurant le Guide du Village des Puces dirigé par Virginie Chorro, elle-même « pucière » depuis plus d’une vingtaine d’années.  « C’est un guide de 130 pages, gratuit, qui recense toutes les infos pratiques sur les Puces, avec surtout un plan inédit des lieux pour aider les visiteurs à se repérer, présente la directrice de la publication, parce que les Puces c’est un véritable labyrinthe et qu’on peut facilement s’y perdre ! »

En cette période de crise sanitaire, le Guide est pour le moment resté bloqué sur son édition 2020, mais Virginie Chorro ne désespère pas de « bientôt sortir une édition 2021-2022 très renouvelée », ce qui signifiera que les Puces auront enfin repris leur rythme de croisière d’environ 5 millions de visites annuelles.

« En attendant, ajoute-t-elle, c’est vrai qu’on est un peu en berne, les Puces sont quasi-sinistrées avec l’absence de notre clientèle étrangère qui constitue une grande partie de nos acheteurs. Mais, ça va repartir et on fera vivre ce Guide parce qu’il soutient notre activité, met en lumière toute une économie : les marchands bien sûr, mais aussi ceux qui restaurent les tableaux, les meubles, vendent les produits pour restaurer ces mêmes meubles.

Ce guide comme le magazine réalisé par le studio graphique Pykha, également installé à Saint-Ouen, est essentiel pour faire la promotion de tout ce que sont les Puces. Il nous faut aller de l’avant, ne pas rester repliés sur nous-mêmes… »

Un besoin de matières et de couleur

S’ouvrir aux autres, échanger, faire des rencontres, c’est donc tout l’art de Virginie Chorro, 51 ans, et presque toute une vie passée à chiner : « Mon père était marchand d’antiquités du 18e siècle et d’objets de curiosité à Bordeaux et j’ai voulu faire comme lui, résume-t-elle. Avoir une vie de bohème et de rencontres. Son œil qui pétillait lorsqu’il dénichait un objet m’a marqué… »

Résultat, après quelques années d’apprentissage auprès de son paternel, l’élève va voler de ses propres ailes en rejoignant Saint-Ouen et les Puces. « C’était mon rêve d’avoir un stand dans ce marché si spécial. Au début, je multipliais les aller-retours depuis Bordeaux et un jour je me suis dit que ma vie était ici à Saint-Ouen. » Avec son actuelle associée Merry Liuzzo, une Audonienne pur jus, elle fonde ensuite «  Marcel et Jeannette  », deux échoppes sur le Marché Vernaison dédiées aux textiles anciens, du 18e siècle jusqu’aux années 1950 : « Marcel, c’est à cause du sous-vêtement masculin et Jeannette, c’est une référence à un modèle de petite planche à repasser. L’alliance de ces deux prénoms, c’était une manière de ne pas se prendre au sérieux… »

Car, même si elle pratique un métier de vente, Virginie Chorro ne veut pas se départir de son éternel émerveillement devant les textiles qu’elle déniche. « Chez moi, analyse-t-elle, il y a un besoin de matières et de couleurs, qui est presque animal, mais aussi très féminin, je crois. »

Saint-Ouen, son » village » en Seine-Saint-Denis

Aussi, peut-elle parler avec passion et conviction de sa dernière trouvaille, « une petite robe 1925 dont la façon est fantastique, avec des broderies, des imprimés polychromes, une création pleine de féminité. Mais, nous les marchands, on est comme ça, on s’enthousiasme en permanence, jusqu’à notre prochain achat ! En tout cas, ce que je veux, c’est continuer à garder mon âme d’enfant dans ce métier. Moi, je défends le fait que l’argent ne soit qu’un outil et pas un but. Certes, on gagne de l’argent, mais il sert aussi à réinvestir en permanence pour acheter d’autres objets. C’est un éternel recommencement. En fait, je vis pour les Puces, pour l’excitation de mettre en valeur ce que j’ai chiné avant le week-end d’ouverture du marché », raconte-t-elle encore.

Surtout, l’ex-provinciale se sent comme chez elle dans le village de Saint-Ouen où elle réside également : « J’aime cette ville, parce que c’est Paris sans être Paris. Il y a une dimension humaine à Saint-Ouen qui me ramène à « ma province ». Pour moi qui aime dire bonjour à tout le monde, c’est un bonheur de venir à pied jusqu’aux Puces.

Bref, je me sens bien à Saint-Ouen comme en Seine-Saint-Denis où la vie est beaucoup moins compliquée que ce que veulent en dire certains médias. »

Une philosophie de vie que Virginie Chorro pourra vous faire partager dans son antre de Marcel et Jeannette (1). Et pour la trouver, il ne vous reste plus qu’à ouvrir le Guide des Puces que vous trouverez partout du côté des Portes de Clignancourt et de Saint-Ouen…

Frédéric Haxo

(1) Marche? Vernaison des Puces de Saint-Ouen, angle alle?es 3 et 6, stand 108 et alle?e 6, stand 118

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