ESS made in Seine-Saint-Denis: Azimuto, un tandem d’ambassadrices du IN qui ouvre des horizons…

Utiliser la force du collectif pour créer des pistes d'avenir pour les jeunes qui se posent des questions sur leur avenir scolaire ou professionnel, c’est l’ambition de l’association Azimuto implantée à l’Ile-Saint-Denis et lancée en duo par Manon-Maugé-Imbault et Audrey Martineau, ardentes défenseuses d’une économie sociale et solidaire. Le In était dans les coulisses de leur tout premier stage « Tous azimuts ! »

Se dessiner un avenir… Un exercice pas forcément facile lorsqu’on n’a pas encore 18 ans comme Alexandre, Lisa et Amane, trois des cinq stagiaires réunis lors de la dernière semaine d’octobre pour un « Stage tous azimuts » organisé par l’association Azimuto dans les locaux du Phares à l’Ile-Saint-Denis, autrement dit le Pôle d’Hospitalité d’Activités à Rayonnement Écologique et solidaire, près de quelque 1 500 mètres carré qui regroupent plus d’une quinzaine de structures de l’économie sociale et solidaire. Au troisième jour de ce stage qui en dure quatre, il s’agit donc de tracer les contours de son avenir professionnel sur une large feuille de paperpoard. Un exercice en duo où Amane et Lisa, 17 ans toutes les deux et en terminale générale, mêlent des rêves de voyage en dessinant une planète, des envies de confort matériel en matérialisant un billet de banque et puis une longue flèche qui doit mener vers le bonheur…

Cette flèche qui doit tracer un horizon, c’est un peu le symbole de ce stage gratuit et ouvert aux jeunes de 15 à 25 ans conçu par Audrey Martineau et Manon Maugé-Imbault, ambassadrices du IN et jeunes créatrices d’Azimuto en novembre 2019 -lire notre encadré. « L’idée de Tous azimuts, c’est de développer chez les jeunes l’aptitude à choisir leur voie, de leur donner le pouvoir d’agir en les amenant à réfléchir sur ce qu’ils sont, ce qu’ils veulent être, leurs valeurs. Mais, on n’est pas là pour leur souffler à tout prix une envie de métier, les mettre dans une case. S’ils repartent déjà avec une vision de ce qu’ils sont, c’est au moins un premier pas », détaillent à tour de rôle les deux fondatrices d’Azimuto. En fait, nous sommes plus dans une stratégie des petits pas. On ne fait pas ce stage pour asséner des solutions définitives ! »

Donner du sens

Des petits pas qui se font en ateliers où l’écoute de l’autre et la bienveillance sont primordiales. Au troisième jour du stage, il s’agit par exemple de mettre « des mots sur son rapport idéal au monde du travail » en faisant justement des pas de côté dans la salle pour se situer dans un « camp » ou dans un autre. Histoire de savoir jusqu’à quel point on est prêt à beaucoup sacrifier pour l’exercice d’un métier entre « un boulot-passion H24 » et « un job où il n’est pas question de bosser le week-end… » Un exercice un peu sur le fil pour Lisa : « Évidemment qu’il faut que mon futur métier ait un sens, mais il faut aussi savoir mettre des limites avec sa vie personnelle. »

Autant de questions qui n’agitent pas seulement les premiers stagiaires d’Azimuto puisque deux jeunes sur trois dans l’hexagone vivent leur orientation comme stressante selon les chiffres d’une étude menée en 2018 par le Credoc, le Centre de Recherche pour l’Etude et l’Observation des Conditions de vie.

« A 15, 16 ou 17 ans, au moment des premiers grands choix, on a du mal à cerner ses forces et ses aspirations, donc c’est forcément crispant parce que derrière il y a la peur de se tromper qui peut aussi amener à ne pas oser », prolonge Manon Maugé-Imbault.

Mettre des mots sur ses envies…

Alors autant aussi ouvrir l’éventail des possibles en profitant de la ruche de l’économie sociale et solidaire qu’est le Phares pour alimenter le stage en témoignages de quelques-uns des acteurs de la structure et ambassadeurs du IN sur les perspectives d’emploi ouvertes par cette « autre économie. »

« Un stage comme ça, ça donne quelques idées sur ce qu’on veut faire ou ne pas faire, avance Alexandre, habitant de l’Ile-Saint-Denis et élève de terminale en bac pro d’électricité à Saint-Ouen, ça permet aussi de mieux se connaître, ça ne peut être que positif pour la suite. Surtout lorsqu’on se pose des questions sur son avenir… »

Et, même lorsqu’on a déjà de la suite dans les idées comme Lisa et Amane, qui ont déjà largement esquissé l’envie de devenir médecin et psychologue, le passage par le stage « Tous Azimuts » ne restera pas inutile : « C’était une semaine ludique et active qui permet de mettre des mots sur ses envies, sur nos valeurs aussi, enchaînent les deux jeunes femmes venues de Meaux en Seine-et-Marne. Pour les jeunes qui ne savent justement pas mettre des mots sur ce qu’ils veulent faire de leurs vies, qui se laissent souvent imposer des choses par leur milieu familial ou par l’Éducation Nationale, ce genre d’expérience devrait être presque obligatoire… »

 

Frédéric Haxo

Crédits photo: Bruno Levy


Un duo et un credo pour la Seine-Saint-Denis

C’est l’économie sociale et solidaire qui a réuni Audrey Martineau, 31 ans et ex-diplômée d’une école de commerce, salariée pendant six ans dans le secteur de la communication et Manon Maugé-Imbault, 26 ans, passée par les bancs de de Sciences Po Rennes et ancienne volontaire en service civique au sein du Phares de l’Ile-Saint-Denis. En travaillant de concert en 2018 pour encadrer une coopérative éphémère de jeunes -des projets qui regroupent l’espace de trois mois des jeunes de 18-30 ans afin qu’ils créent leur propre entreprise coopérative- les deux jeunes femmes ont eu « un coup de cœur professionnel. »

Qu’elles concrétisent donc aujourd’hui via l’association Azimuto qui a déjà commencé à agir en Seine-Saint-Denis via l’organisation d’actions de prévention sur le décrochage scolaire et sur les parcours d’orientation dans des établissements scolaires de Gagny et Montreuil. Une implantation In Seine-Saint-Denis que le duo d’ambassadrices aimerait maintenant prolonger : « La Seine-Saint-Denis, c’est un territoire très jeune, avec beaucoup de potentiel humain mais aussi un gâchis de talents souvent pour des mauvaises raisons, par méconnaissance ou parce que les jeunes s’interdisent de penser que certains métiers leur sont aussi ouverts, qu’il n’y a rien d’impossible. C’est pour cela qu’on a envie d’avoir un impact avec Azimuto pour changer les choses à notre échelle. Mais pour y arriver, on a aussi besoin de bonnes volontés qui nous rejoignent de manière à créer une communauté de bénévoles capable d’aider les jeunes à se projeter vers leur avenir…»

 

Plus d’infos sur Azimuto par mail   : asso.azimuto@gmail.com ou ici

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