Hayatte Maazouza, autoportrait d’une ambassadrice du In Seine-Saint-Denis qui sait positiver

Développer des programmes « dédiés à l'entrepreneuriat positif dans les quartiers populaires », c’est la mission de Positive Planet France (PPF) basé à Montreuil. Une philosophie de l’action incarnée par Hayatte Maazouza qui vient de rejoindre le réseau du IN. Mais, le mieux est encore de la laisser se présenter elle-même...

Qui est-elle, d’où vient-elle ?

« Je suis Hayatte Maazouza, née à Trappes dans les Yvelines en 1990 et grandie dans cette même ville, dans un quartier dit populaire : le Square-Debussy. Mon père est venu du Maroc pour travailler en France comme ouvrier et ma mère nous a élevés puisque je suis la seule fille au milieu de trois frères. Après un bac économique et social décroché en 2008, je me suis engagé assez tôt dans la vie citoyenne et politique en assumant un mandat d’élue locale à Trappes, où j’ai été conseillère municipale entre 2014 et 2020. En 2014, j’étais à 24 ans, la plus jeune élue du Conseil municipal de Trappes.

Pour revenir à mon parcours et toujours pour rester dans les grandes lignes, j’ai suivi après mon bac une prépa littéraire dans un grand lycée parisien où j’ai mesuré physiquement et en termes de logistique ce que c’était que d’habiter en banlieue et de devoir se rendre à Paris tous les jours. Ensuite, après avoir obtenu l’équivalent d’une licence en philosophie, je me suis demandé ce que je voulais faire de ma vie et comme je ne me voyais pas enseigner, j’ai d’abord suivi les cours d’une école de commerce (EDHEC Lille) en business management, puis rejoint HEC Montréal au Canada lors de l’hiver 2014-2015. Là-bas, j’ai bouclé un mémoire de fin d’études sur la discrimination liée à l’origine sur le marché d’emploi en France et les réponses en matière d’innovations sociales. Un travail soutenu en France et récompensé par le prix du meilleur mémoire de recherche. C’est là que j’ai croisé le chemin de Saïd Hammouche, le fondateur de Mozaïk RH, un cabinet de recrutement qui s’adresse plus spécifiquement aux jeunes diplômés issus des quartiers. Il m’a engagé comme responsable des partenariats de Mozaïk où j’ai travaillé entre 2016 et 2018. »

Où va-t-elle ?

« Après une expérience au sein du Boston Consulting Group (BCG), un cabinet américain de conseil en stratégie où j’ai travaillé sur les questions d’inclusion à travers le Prix de l’Entrepreneur Social de l’année en France, j’ai rejoint Positive Planet France depuis cet été comme responsable « Impact et Plaidoyer ». Travailler et agir au sein de Positive Planet, c’est en fait presque naturel pour moi, tout simplement parce que cela rejoint ma « passion » pour la justice sociale qui me fait avancer, me stimule au quotidien. Dans les prochains mois, mon rôle au sein de PPF va être de mener une étude sur les besoins des quartiers populaires. Le projet, c’est d’aboutir à un état des lieux qui prendra vraiment en compte la manière dont on peut s’appuyer sur les compétences locales pour booster les quartiers. Aujourd’hui, dans les quartiers populaires, les gens ont fondamentalement besoin qu’on les écoute, qu’on co-construise avec eux des solutions pour qu’ils se développent eux-mêmes. Les aider à révéler leur potentiel, c’est essentiel. »

Pourquoi est-elle In Seine-Saint-Denis ?

« Ce que fait le In Seine-Saint-Denis, c’est capital parce qu’il est important d’avoir des visages de femmes et d’hommes qui peuvent raconter la réalité de la Seine-Saint-Denis, sans misérabilisme, ni clichés. Et surtout avec Positive Planet, je veux dire et répéter aux personnes qui vivent dans les quartiers de Seine-Saint-Denis que nous sommes là pour les accompagner. La Seine-Saint-Denis est un vrai vivier de talents et d’énergies positives, donc il faut venir nous voir si vous avez des projets et même si vous n’êtes pas encore entrepreneur.e, venez tout simplement avec vos idées, votre motivation. C’est un discours que je veux aussi porter auprès des femmes et c’est d’ailleurs avec cet objectif que j’ai participé aux côtés des équipes du IN au récent Festival Empow’Her à la Cité Fertile de Pantin sur la question de l’importance du réseau et du soutien entre femmes qui entreprennent. Parce qu’il faut bien voir qu’une des réalités du moment dans les quartiers, c’est qu’il y a beaucoup de femmes seules, qui élèvent en solo un ou des enfants, avec en plus l’énergie de se battre, d’entreprendre des choses pour aller de l’avant. A elles aussi, je veux dire que Positive Planet France est là pour les accompagner à travers sa dizaine d’antennes installées en Seine-Saint-Denis. »

Propos recueillis par Frédéric Haxo

Crédits photo: Bruno Lévy

 


 Positive Planet France, le réseau des « positiveurs »

Positive Planet France (PPF) est créé quelques mois après la mort tragique en 2005 des jeunes Zyed et Bouna à Clichy-sous-Bois et l’épisode de révoltes urbaines qui essaiment alors dans les quartiers populaires. En 2006, PPF se lance donc avec l’objectif de lutter contre l’exclusion et le chômage dans les territoires dits « difficiles » en développant des « programmes dédiés à l’entrepreneuriat positif dans les quartiers populaires. » Basée à Montreuil, PPF s’appuie aujourd’hui sur un vaste réseau de « positiveurs » parmi lesquels Youness Bourimech, ambassadeur du In et entrepreneur installé à Bondy.

Plus d’infos : www.positiveplanetfrance.org

 

 

 

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